Stress hydrique

Les solutions pour continuer à cultiver

Amélioration variétale, irrigation, modification de l’assolement… un certain nombre de solutions permettent déjà à l’agriculteur de s’adapter à des pluies moins fréquentes, sans qu’aucune ne soit miraculeuse. Une combinaison de leviers sera la meilleure option pour limiter les pertes de productivité.

Les solutions pour continuer à cultiver

En plus de rendre quasi-systématiques les épisodes de sécheresse en France, le réchauffement climatique provoque une hausse globale des températures, avec un impact inévitable sur le rendement des cultures. Comme l’affirmaient déjà en 2017 des chercheurs

Sans engrais et sans amélioration génétique, chaque degré Celsius supplémentaire de la température mondiale entraînerait une baisse globale des rendements de 6 % en céréales, de 3,2 % en riz, 7,4 % en maïs et de 3,1 % en soja.

Pour le maïs, le constat va même plus loin. Selon une autre étude publiée en 2018 :

En Europe, en cas de maintien des génotypes actuels, des dates de semis et de l’utilisation des terres, avec et sans irrigation, le changement climatique entraînerait une baisse de 20 % des rendements de maïs d’ici 2050, indépendamment de la fertilisation.

De son côté Sophie Gendre, ingénieur R&D gestion de l’eau chez Arvalis, prévient sans détour que, pour le maïs, « tout stress hydrique entraîne une perte de rendement ».

Développer la sélection en maïs et soja

L’amélioration génétique des variétés est donc une des clefs pour conserver un rendement intéressant dans des conditions plus sèches. Si en maïs la génétique a déjà été beaucoup travaillée, en soja la situation est différente comme le rappelait une publication issue d’un projet Casdar Secalibio :

L’un des leviers pour optimiser les performances du soja conduit en sec est le choix variétal. En effet, il a déjà été mis en évidence dans des travaux de recherche qu’il existait des différences de réponse au stress hydrique du soja. Néanmoins, les références existantes sur la tolérance au stress hydrique des variétés de soja actuellement commercialisées sont très restreintes et ne nous permettent pas d’identifier des variétés qui seraient « plus robustes » que d’autres.

L’irrigation sous contrainte

L’irrigation est un autre levier de gestion du stress hydrique des plantes. Mais le coût est élevé et l’accès à l’eau en saison sèche n’est pas garanti à 100 % du fait des « Arrêtés sécheresse ». La technique du goutte-à-goutte, très employée en Israël, par exemple, tout comme la réutilisation des eaux usées sont des solutions à envisager, encore peu développées en France. Sophie Gendre évoque aussi l’Espagne, où « l’approche est collective. Certains agriculteurs ont de l’eau mais uniquement un jour par semaine. Le pilotage ne se fait pas à la parcelle comme chez nous mais à l’échelle du réseau. »

Des assolements simplifiés au détriment des légumineuses

Face à cette question de la disponibilité en eau, un écueil plus souvent rattaché à la conduite des cultures de printemps, les assolements ont été simplifiés, au profit des cultures d’hiver. Ce qui n’est pas sans conséquence : manque de diversité et d’alternance des solutions de protection des cultures, d’où une augmentation des résistances des adventices et des ravageurs, un risque de pollution des eaux du fait d’interventions aux mêmes périodes de l’année et une prépondérance des surfaces de céréales à paille. L’intérêt des cultures de printemps et des légumineuses dans l’équilibre des systèmes n’est aujourd’hui plus à démontrer, comme le rappelait Aurélie Garcia-Velasco, chargée d’étude environnement et machinisme à la FRCuma Ouest, le 27 janvier, lors de la journée intitulée « Contribution de l’agriculture à l’atténuation du changement climatique », organisée par le GIS Relance agronomique. Mais leur réintroduction dans les assolements ne se fait pas toujours sans difficulté,

Améliorer la capacité de rétention en eau des sols

Pour finir, Sophie Gendre souligne l’importance des sols s’agissant de la disponibilité en eau. Une bonne base de départ pour mettre toutes les chances du côté de la culture : améliorer la réserve utile en évitant le tassement, en utilisant des couverts végétaux, en couvrant le sol (mulching ou paillage), en augmentant la teneur en matière organique.

D’un point de vue plus prospectif, les hydro-rétenteurs, en poudre, cristaux ou gel, sont des substrats qui captent et conservent l’eau pour la restituer peu à peu au sol. Ils sont très utilisés dans certains pays, mais la France n’autorise pas leur emploi sur toutes les cultures. Sophie Gendre aborde aussi d’autres pistes telles que la question du traitement électromagnétique de l’eau, au travers du projet Aqua4D, financé par l’Union européenne. « Le principe […] consiste à changer la structure de l’eau grâce à l’introduction subtile de signaux à basse fréquence », écrit l’Union européenne. Une étude de 2020 montre que le traitement électromagnétique de l’eau d’irrigation « a eu un fort effet sur la porosité » du sol.

Autant de pistes qui mettent en lumière l’intérêt de la recherche et du développement, aussi pour les questions agricoles. Comme l’a dit récemment Bill Gates à propos du rôle que peut jouer l’agriculture dans la limitation du changement climatique : « Je crois que des solutions créatives et évolutives existent pour répondre à ce défi et qu’il est temps d’investir dans leur R&D. »

 

Sources : 

GIS RELANCE AGRONOMIQUE – Casdar 2021 – les présentations (gis-relance-agronomique.fr)

Des ondes électromagnétiques de basse fréquence améliorent la structure de l’eau d’irrigation | Result In Brief | CORDIS | European Commission (europa.eu)

M. Moussa, V. Hallaire, D. Michot, M. Hachicha.2020 Micro and macrostructure changes of soil under irriguation with electromagnetically treated water. Soil & Tillage Reseach 203 104690 – Micro- and macrostructure changes of soil under irrigation with electromagnetically treated water – ScienceDirect