Changement climatique

Les sécheresses tendent à remettre en question l’implantation du maïs en France

Bien que particulièrement présent en termes d’utilisation, en alimentation animale et humaine, le maïs tend à perdre des surfaces en France. Pourtant, les rendements y sont excellents. La gestion de l’eau reste un élément clef de son développement, et peut remettre en question son implantation, notamment avec les sécheresses qui se multiplient.

Les sécheresses tendent à remettre en question l’implantation du maïs en France

« En 2019-2020, l’Union européenne est devenue le premier importateur mondial de maïs avec environ 19 millions de tonnes, devant le Mexique et le Japon. Depuis plusieurs années, l’Europe, et particulièrement la France, ont des surfaces cultivées en maïs en réduction, alors que les besoins européens ne cessent de croître. […] Cependant, la France a des rendements parmi les plus élevés au monde (autour de 10 tonnes par hectare), environ deux fois plus élevés que le Brésil et la Chine », souligne le Gnis.

40 % des surfaces sont dans le Sud-Ouest de la France

La majorité du maïs est cultivée dans le Sud-Ouest de la France (40 % en Nouvelle-Aquitaine et Occitanie). Les rendements n’ont cessé de croître depuis les années 50 (16 q/ha en 1948 versus 93 q/ha en 2018). Malgré ces hauts rendements, le service de statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste) estimait, en 2018, que « depuis 2014, avec le verdissement de la Pac qui promeut une diversification des cultures, les surfaces de maïs n’ont cessé de chuter. En Nouvelle-Aquitaine, cette réduction est de 22 % en trois ans. Comparativement, en Grand-Est, la réduction a été moindre (- 12 %). Les Pays de la Loire affichent une baisse de 23 % malgré une reprise de 8 % entre 2016 et 2017. Le recul s’opère à la fois en surface et en nombre d’exploitations, quelle que soit leur taille, mais plus particulièrement au niveau des exploitations de moins de 5 ha de maïs ».

Si la Pac a joué un rôle dans la réduction des surfaces, la politique de la gestion de l’eau a eu aussi un effet. Comme l’explique le gouvernement, « pour faire face à une insuffisance de la ressource en eau en période d’étiage, les préfets sont amenés à prendre des mesures exceptionnelles de limitation ou de suspension des usages de l’eau en application de l’article L.211-3 II-1° du code de l’environnement. » Avec le changement climatique et les sécheresses à répétition, les cultures ne sont plus prioritaires, dans certains départements, pour l’accès à l’eau.

Les sécheresses, un risque réel de perte de rendement

Or, le maïs a besoin d’eau à des stades bien précis de son développement. A défaut, une baisse de rendement sera observée comme le montre les résultats de campagnes de 2020, année la plus chaude jamais enregistrée en France : « Cette année encore, le maïs français a subi de plein fouet les caprices du climat. […] Malgré une hausse des surfaces de 10 %, la production de maïs grain évaluée à 13,6 Mt est décevante en raison d’un rendement moyen de 89,4 q/ha, […] inférieur à la moyenne quinquennale (93,1 q/ha). Comme pour 2019, les maïs irrigués remontent la moyenne : l’irrigation ne concerne que 35 % des surfaces de maïs grain mais 45 % de la production ». Il faut bien évidemment distinguer la production de maïs grain et celle de maïs fourrage. L’impact d’une sécheresse sera moindre sur du maïs fourrage puisque l’ensemble de la plante est récolté. Pour autant, dans certaines zones d’élevages, sa culture est aussi remise en question du fait des sécheresses récurrentes. Tout comme pour le maïs grain, l’agriculteur devra gérer le risque d’un manque d’eau.

 

Le maïs, plante découverte au XVe siècle par Christophe Colomb, occupe une large place dans le paysage agricole mondial. Il est la première céréale cultivée dans le monde devant le blé et le riz, observe l’interprofession de semences et plants (Gnis) et l’Organisation des Nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Le développement de cette plante est lié à son utilisation aussi bien en alimentation humaine qu’animale. En France, d’après le Gnis, le maïs est utilisé à 60 % pour l’alimentation animale, 30 % pour l’industrie et 10 % pour l’alimentation humaine. Cette répartition diffère selon les pays, le maïs étant dans certains la première ressource de l’alimentation humaine. La consommation française de maïs doux est de moins de 1 kg par an et par habitant alors que les Américains en consomment, eux, 11 kg ! En alimentation animale, la culture apporte de l’énergie, sous forme de sucres, et vient en complément du soja, qui fournit les protéines.