Transition agroécologique

Développer le soja pour gagner en autonomie protéique… si possible

Du fait de son intérêt en production animale, le soja est entré, très tôt, dans les échanges politiques mondiaux. Dépendante des importations, la France souhaite aujourd’hui développer cette culture pour gagner en autonomie protéique. Pour autant, les sécheresses à répétition risquent de freiner l’engouement.

Jeunes plants de soja poussant dans un champ cultivé, rangées de soja dans un champ agricole au coucher du soleil, mise au point sélective

Le soja est une plante connue pour sa teneur en huile mais surtout pour sa teneur en protéines. Cette plante, originaire de Chine, a pris une place très importante dans l’alimentation animale après la deuxième guerre mondiale. Par sa richesse en protéines, il vient équilibrer les rations des animaux en contrebalançant l’apport énergétique que peuvent fournir les céréales. En production biologique, le soja est devenu, en 2017, le premier oléo-protéagineux cultivé en France avec 17 612 ha, avant le tournesol (16 148 ha) et la féverole (10 033 ha). Et ce n’est pas pour rien ! Le soja apporte une autonomie protéique à l’agriculteur et donc une plus grande indépendance vis-à-vis des marchés mondiaux.

 

Une plante et des enjeux internationaux

Les Américains avaient compris l’intérêt de cette plante dès les années 1930 et, « en de nombreuses occasions », ils ont « menacé de rétorsions les Européens si des aides ou des protections étaient accordées à la production de soja en Europe », expliquait, dès 1976, Jean-Pierre Berlan, Jean-Pierre Bertrand et Laurence Lebas, chercheurs à l’Institut national de recherche agronomique (Inra). D’après ces derniers, si dans le développement de leurs élevages, les « Etats-Unis ont toujours marché sur deux jambes », maïs et soja, « l’Europe, elle, n’en avait qu’une ». Des accords internationaux, notamment au sein du General agreement on tariffs and trade (GATT), avait validé ce fonctionnement dans les années 60. En 2020, Sylvain Pellerin, directeur de recherches à l’Inra constatait : « La production nationale d’aliments riches en protéines ne couvre qu’environ 50 % des besoins des élevages » en France. Et de continuer : « Ce déficit persistant est dû à la faiblesse des surfaces en protéagineux et légumineuses fourragères. […] L’importation massive d’aliments riches en protéines rend les élevages vulnérables à la volatilité des marchés. »

Une autonomie protéique à différentes échelles

Aujourd’hui, la France cherche à retrouver une autonomie protéique sur le plan international, à l’image de ses agriculteurs au niveau de leurs exploitations. Dans ce but et à la suite des États généraux de l’alimentation de 2017, la France a lancé en 2020 son « plan protéines végétales ». Une partie de ce plan est consacré à un « appel à projet qui vise à accroître l’indépendance de la France pour son approvisionnement en protéines végétales destinées à l’alimentation humaine et animale, en accompagnant, notamment, la structuration des filières et les investissements post-récolte ».

Pour autant, même si le gouvernement veut gagner en autonomie protéique, le changement climatique avec ses accidents météorologiques à répétition, notamment les sécheresses, interroge quant à un réel développement des surfaces. En France, le soja est particulièrement cultivé dans le Sud-Ouest et le Nord-Est, des zones qui ont été fortement atteintes par le manque d’eau ces dernières années. Même si certaines régions ont encore des épisodes pluvieux en été, comme les Landes ou le Pays Basque, d’autres restent à sec avec des restrictions importantes d’irrigation.

En sec, les rendements baissent fortement

Ces épisodes de sécheresse ont un impact sur les rendements. Ils sont plus faibles et avec une variabilité accrue. En 2019, Terres Inovia constatait : « Le rendement national d’environ 26 q/ha obtenu constitue une bonne performance au regard de la moyenne quinquennale (26,5 q/ha) […]. En conduite irriguée, les rendements avoisinent jusqu’aux 45 q/ha dans les sols profonds du bassin Est et s’élèvent en moyenne à 35 q/ha à l’échelle nationale tandis qu’en sec ils sont plus hétérogènes et très liés aux conditions de sol et de pluviométrie. » L’institut technique précise que, globalement, « dans le Sud, hormis les situations peu contraintes en eau, le risque d’obtenir des rendements de soja inférieurs à 15 q/ha est élevé en sec ». Trouver des solutions pour améliorer la gestion du stress hydrique vécue par la plante est stratégique à l’échelon de l’exploitation comme du territoire.