Conseil agricole - Transition agroécologique

L’agroécologie, au secours des marges

Impossible de ne pas intégrer l’impact du changement climatique dans la gestion de ses cultures. Mais encore moins de ne pas se soucier de sa rentabilité. Et si l’agroécologie permettait à l’agriculture de faire d’une pierre… trois coups ? Résilience à l’évolution du climat, aux aléas des coûts de production, en bénéfices collatéraux de la nécessaire prise en compte de l’environnement. Introduction de nouvelles cultures dans la rotation, recours aux biosolutions… comment ces pratiques améliorent-elles les marges des systèmes de productions agricoles ?

L’agroécologie, au secours des marges
©Adobestock

Le monde agricole a, ces derniers mois, en France, dû faire face à différents aléas climatiques. Tout d’abord avec un printemps et un été particulièrement chauds et secs. Économiques ensuite avec une hausse des coûts de production rarement égalée. Si les prix des engrais ont été multipliés par trois en quelques mois, celui des produits phytosanitaires et des semences a, lui, enregistré des hausses de 10 à 20 % selon les gammes. Sans oublier que les mises à disposition furent parfois très tendues, accentuant le risque de rupture. Et que dire du coût de l’énergie ? Les agriculteurs sont alors en recherche de solutions pour optimiser leurs dépenses et réduire les factures. Car l’enjeu est bien celui-ci : améliorer la rentabilité des cultures pour assurer le maintien de l’agriculture en France. Et si la transition vers l’agroécologie fournissait les réponses ?

 

Rotation, choix variétal, OAD… le panel de solutions agroécologiques est large

En effet, parmi les leviers d’action d’ores et déjà mis en œuvre figurent en bonne place les pratiques agroécologiques. Allonger les rotations, alterner cultures d’hiver et de printemps pour réduire le développement des adventices et la pression des parasites, semer des cultures intermédiaires ou des couverts associés et, bien sûr, opter pour des variétés moins sensibles aux stress biotiques et abiotiques, toutes ces pratiques agricoles réduisent les IFT (Indicateur de Fréquence de Traitement phytosanitaires) et les risques pour l’environnement et la biodiversité. Par là-même, elles influent sur le compte de résultats des agriculteurs grâce à des économies sur le poste des intrants. Le développement de ces pratiques s’inscrit dans un cercle vertueux à grande échelle, objectif de la transition agroécologique. Une autre stratégie à intégrer aux systèmes de production végétale : décaler la date de semis pour esquiver les périodes les plus à risque pour un couple culture/ravageur donné. Enfin, la densité de semis joue aussi sur la sensibilité de la culture, pour une parcelle moins sujette aux attaques.

 

Pour profiter au mieux des bénéfices de ces pratiques agricoles, des outils d’aide à la décision (OAD), des logiciels de gestion parcellaire ou encore le pilotage à partir d’images satellites aident à prendre soin des cultures de son système. Fournisseurs de données essentielles, ces outils participent à la recherche de la bonne stratégie, soutiennent la décision d’intervention, ou son report, sur la base d’éléments tangibles. Et, le cas échéant, ils permettent de positionner les bons produits, à la bonne dose, au bon endroit. Cette optimisation des interventions des agriculteurs participe, là encore, à la tenue des comptes et de la balance bénéfices-risques en faveur, à la fois, de l’agriculture et de l’écologie (eau, biodiversité, environnement). La diminution du travail du sol, l’investissement dans du matériel de précision ou la bonne gestion des pailles constituent également des pistes de pratiques adoptées en agroécologie qui réduisent les charges d’un système de production agricole.

 

Les biostimulants, une solution d’avenir

La bonne gestion de la ressource en eau fait aussi partie des principes de l’agroécologie. Elle passe avant tout par le choix d’une espèce et d’une précocité adaptées au contexte pédoclimatique. Car anticiper le stress hydrique en agriculture, c’est d’abord connaître les périodes du cycle de la culture au cours desquelles ses besoins sont les plus importants. En France, le recours à l’irrigation est alors un atout de poids pour les systèmes qui en sont équipés, mais qui peut, en contexte de forte inflation du coût de l’électricité, s’avérer très coûteux. Là aussi, des matériels et OAD existent pour ajuster la stratégie, piloter les apports et n’épandre que ce dont la plante a réellement besoin.

 

Mais, s’agissant de l’agroécologie et des biosolutions en agriculture, une nouvelle génération de biostimulants ouvre des perspectives à la portée de tous pour lutter contre le stress hydrique. Par exemple, BEST-a, composé de phytostérols, une molécule d’origine végétale qui élicite les réactions métaboliques de résistance et déclenche une diminution des besoins en eau, aide la plante à supporter ces épisodes de manque d’eau. Quand la plante est soumise à un stress hydrique, la nature des phytostérols varie pour transmettre un message d’adaptation à la plante. D’où l’idée de chercheurs d’apporter, en préventif, par voie foliaire, ces substances pour la préparer à un futur manque d’eau. La culture, déjà adaptée, maintient ainsi ses performances lorsque l’eau vient à manquer.

 

Contre les aléas économiques, et pour répondre aux autres grands défis de l’agriculture en France, le développement de l’agroécologie est porteur de solutions qui préservent la rentabilité des cultures et des systèmes agricoles.

 

 


L’agroécologie, qu’est ce que s’est ?

L’agroécologie est un système qui, en s’appuyant sur des processus écologiques, optimise le fonctionnement et la productivité des agrosystèmes. Elle se base sur les principes de l’écologie pour optimiser la gestion des ressources naturelles et des interactions entre les plantes, animaux et microorganismes du sol.

L’agroécologie repose sur trois piliers fondamentaux :
– La diversification des cultures et des ressources génétiques ;
– La gestion dynamique et la préservation des écosystèmes naturels ;
– L’optimisation de l’usage des intrants et la valorisation des ressources naturelles disponibles en favorisant la biodiversité et les interactions biologiques.

La transition agroécologique est un processus qui s’accompagne d’une évolution des systèmes de production agricole vers des pratiques plus respectueuses des écosystèmes et plus diversifiées pour assurer leur durabilité. Elle est fondée sur des techniques qui favorisent la biodiversité, les cycles du carbone et de l’azote, l’activité biologique des sols et la préservation des ressources en eau.

L’agroécologie est un concept récent qui s’inscrit dans la continuité de l’agriculture écologiquement intensive (AEI). L’agroécologie a pour objectif principal de produire des aliments de qualité, tout en préservant la fertilité des sols et la santé de l’écosystème.

Les principes et techniques agroécologiques reposent sur la mise en œuvre de systèmes de production qui :
– préservent ou améliorent la fertilité naturelle des sols, la biodiversité, l’activité biologique des sols et les flux d’éléments (notamment l’azote, le phosphore, le potassium…) entre la terre et les plantes ;
– contribuent à l’adaptation aux effets du changement climatique ;
– utilisent les ressources naturelles, en particulier les énergies renouvelables, de façon optimale ;
– réduisent les pollutions en privilégiant l’utilisation des ressources naturelles et des mécanismes naturels de régulation.