Stress hydrique

L’innovation, un levier pour aider les filières à faire face au défi climatique

Les modifications du climat mettent le monde agricole face à des situations décisives. Le manque d’eau, notamment, touche particulièrement les filières à fort enjeu de développement, telles que les légumineuses ou le tournesol. Comment maintenir la production, ou encourager à la développer dans un contexte météorologique chamboulé ?

L’innovation, un levier pour aider les filières à faire face au défi climatique
Quelles solutions pour faire face aux stress hydriques ? (©Capture écran TV Agri )

« La question du risque hydrique est centrale dans le développement de la filière légumineuses », avertit David Gouache, directeur de recherche chez Terres Inovia, invité sur le plateau de TV Agri à l’occasion du SIA 2022.

« On a par exemple connu cette dernière campagne des conditions qui ont mis à mal toute la structuration de la filière lentilles. C’est vrai, la grande force des légumineuses réside dans leur capacité à fixer l’azote de l’air. Mais cette symbiose dépend de l’eau et elle est très affectée par le stress hydrique. On pense aussi au développement des protéines végétales. Traiter la question du stress hydrique, qui est un phénomène connu et récurrent, est primordial pour faire en sorte que la dynamique de ces filières d’avenir ne s’écrase pas sur le mur du changement climatique ! »

Un verrou technologique levé

Quelles stratégies adopter pour aider les cultures à franchir le cap ? C’est sur l’innovation qu’a misé l’équipe d’Elicit Plant. La start-up d’agri-biotech a obtenu l’autorisation de mise sur le marché du BEST-a, une solution à base de phytostérols permettant de préparer les cultures à une baisse de la disponibilité en eau dans le sol. Une solution homologuée, entre autres, sur soja.

« Nous avons cherché à comprendre comment les plantes s’adaptent au manque d’eau dans le sol », pointe Aymeric Molin, un des fondateurs. « Ce faisant nous avons eu la confirmation qu’un composé des membranes des cellules végétales, les phytostérols, était à l’origine d’un important message d’adaptation physiologique de la plante lors des épisodes de stress hydrique. Normalement, ce processus s’opère à l’intérieur de la plante. Le verrou technologique que nous avons levé, c’est d’avoir réussi à provoquer cette réaction de manière exogène, à travers la cuticule. »

 

Des essais en cours sur tournesol

Ainsi, une pulvérisation de solution à base de phytostérols en foliaire permet de déclencher chez la plante une succession de réactions physiologiques : fermeture partielle des stomates, stimulation de la croissance racinaire et diminution de la transpiration. « A l’image d’un vaccin, la solution agit par anticipation », poursuit Aymeric Molin. « Préparée avec notre produit Best-a, la plante va économiser l’eau dans le sol et sera moins pénalisée en situation de manque d’eau. Elle bénéficiera ainsi de quelques jours de plus avant d’être en stress hydrique et donc d’être en situation de perte de rendement

Déjà homologué sur maïs et soja, des essais sont aussi en cours sur tournesol. « D’ailleurs, si on dit que le tournesol est rustique et peu sensible aux coups de chaud c’est qu’il met spontanément en œuvre ces adaptations liées aux phytostérols », confirme David Gouache. « C’est une plante qui est capable de limiter sa consommation et de bien résister au manque d’eau si – et seulement si – elle ressent au début de sa culture un peu de stress. »