Changement climatique - Stress hydrique

France, Brésil, Ukraine… le climat erratique fait partout baisser les rendements

Quel que soit le pays, France, Brésil ou Ukraine, le changement climatique entraînant des aléas plus marqués joue sur les rendements. Sécheresses à répétition, froid, innondations, les agriculteurs s’adaptent pour garder la tête hors de l’eau.

France, Brésil, Ukraine… le climat erratique fait partout baisser les rendements
Dry and arid land with failed crops due to climate change and global warming. High temperatures heat op the atmosphere of an hot earth.

En 2019, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du Climat (Giec) rendait public son dernier rapport quant à l’évolution du climat (le prochain est prévu en 2021). Ce dernier fait « état des risques et des défis liés au climat auxquels les populations du monde entier sont déjà exposées aujourd’hui et auxquels les générations futures seront confrontées », selon le communiqué de presse du Giec de l’époque. Effectivement, depuis plusieurs années, le climat devient de plus en plus erratique avec de fréquentes périodes de sécheresses, alternant avec de fortes inondations. En France, en 2021, un gel tardif début avril a provoqué de nombreux dégâts sur le plan agricole. Or, ce n’est pas le gel qui est à mettre en cause directement, mais la chaleur excessive en mars, qui a avancé le développement végétatif des cultures, comme le rapporte Météo France ou BFM TV. En France, globalement, les agriculteurs essayent de s’adapter à ce climat plus imprévisible : choix de variétés résistantes, modification des assolements, retenues d’eau, solutions agronomiques innovantes, etc.

 

Des pertes économiques allant jusqu’à 7,5 % du PIB

Les conséquences se répercutent sur les échanges mondiaux. Ainsi, au Brésil, premier producteur et exportateur mondial de soja et troisième producteur mondial de maïs, une sécheresse en décembre 2020 et janvier 2021, a occasionné des pertes équivalentes à environ 7,5 % du produit intérieur brut (PIB), selon la Fédération de l’agriculture de l’Etat de Rio Grande do Sul. Le soja a été la culture la plus touchée par la mauvaise récolte, avec une baisse de production estimée à 7,2 millions de tonnes, soit environ 39 % de moins que l’année précédente, selon l’Institut Brésilien de géographie et de statistique. Concernant le maïs, la baisse s’est chiffrée à 1,5 million de tonnes, soit une chute de 27 % par rapport à l’année d’avant. Pour tenter de faire face aux aléas du climat, les agriculteurs brésiliens adoptent de nouvelles techniques comme le semis direct, qui améliore la structure et le stockage de l’eau dans le sol.

 

« Un monitor de secas » pour surveiller les sécheresses à répétition

Leandro de Oliveira Lino, brésilien d’origine et ingénieur R&D chez Elicit Plant, entreprise porteuse d’une innovation pour contribuer à adapter l’agriculture au changement climatique, cite également « l’utilisation de variétés hybrides adaptées aux conditions locales, de variétés résistantes au stress hydrique ou encore de variétés précoces, dont le développement rapide permet de couvrir le sol et réduire les pertes en eau ». Il évoque les pouvoirs publics qui se mobilisent aussi pour permettre aux agriculteurs de faire des prêts à taux bas et de construire des étangs, barrages ou forages. Un système de surveillance agrométéorologique a également été mis en place par le gouvernement. Il permet d’avoir accès à des cartes et à des bulletins météorologiques pour faciliter la prise de décisions. De même, dans le Nord-Est du pays, le Monitor de secas (moniteur de sécheresse) suit depuis plusieurs années les épisodes de sècheresse de la région. Dans ce sens, il affiche des indicateurs de court terme (3, 4 et 6 mois) et de long terme (12, 18 et 24 mois).

 

A l’ouest comme à l’est, même combat !

Le département agricole des Etats-Unis (USDA) témoigne sur son site internet d’une évolution du climat parlant « des pluies intenses, des orages violents et des hausses de températures ». Il donne aussi quelques clefs aux agriculteurs au travers d’un Adaptation workbook. Autre exemple, en Europe, l’Ukraine, grand producteur de céréales avec la France et l’Allemagne, du fait d’une sécheresse en 2020 et de fortes gelées, a revu rapidement à la baisse ses prévisions de récoltes de maïs (- 2 % par rapport à 2019), de rendement (6,71 t/ha au lieu de 7,19 t/ha) et, par conséquent ses prévisions d’exportations (- 3 % par rapport 2019).