Si les phytostérols sont des molécules connues pour lutter contre le cholestérol chez l’humain, elles sont moins connues pour leurs capacités à aider une plante à résister au stress hydrique. Selon une étude [1] de 2015, intitulée « Rôle des phytostérols dans la tolérance du riz au stress hydrique », « les phytostérols font partie intégrante des composants des membranes cellulaires. Ils régulent la fluidité de la membrane en jouant sur ses propriétés, ses fonctions et sa structure. » Les scientifiques ont tout d’abord constaté que les phytostérols avaient un rôle dans la rigidification des parois cellulaires lors de la croissance de la plante et donc de l’augmentation de la biomasse. Ils ont effectivement observé une augmentation des quantités de phytostérols proportionnelle à l’âge de la plante. [2]
La membrane plasmique maintenue par les phytostérols
En cas de stress hydrique, qu’il s’agisse de riz, de tournesol ou de colza, une hausse conséquente des phytostérols est aussi mesurée au point que les chercheurs valident le fait que « les phytostérols et leurs esters pourraient avoir un rôle dans la tolérance au stress hydrique en renforçant les membranes cellulaires. » [3] Cela irait de pair avec le constat que « l’une des principales manifestations du stress chez les plantes est la désintégration de la membrane plasmique » [4], d’où l’idée qu’en cas de stress hydrique, la plante cherche à maintenir coûte que coûte l’état de sa membrane.
Si la membrane est dégradée, la cellule n’est plus aussi fonctionnelle. Toujours dans l’étude sur le riz, les chercheurs ont observé que plus le stress hydrique est fort, plus la quantité de phytostérols produite est importante. Dans une étude[5] portant sur une autre plante, Ramonda serbica, sa réhydratation après un stress hydrique important permettait aux membranes plasmiques des cellules des feuilles de retrouver quasi la même composition que celle des plantes n’ayant pas souffert de la même épreuve. Et le taux de phytostérols avait baissé, montrant bien le lien entre ces molécules et une adaptation du végétal au manque d’eau.
Un message pour se préparer au manque d’eau
Fort de ces constats, Elicit Plant a élaboré une solution à base de phytostérols pour aider les cultures à s’adapter au stress hydrique lié aux sécheresses de plus en plus fréquentes. « Notre solution envoie comme un message à la plante pour la prévenir qu’un stress va arriver et qu’elle va devoir se préparer à s’adapter physiologiquement parlant », explique Aymeric Molin, directeur général Elicit Plant. Dans ce sens, la plante bénéficie d’ « un coup d’avance » car elle modifie son équilibre pour se préparer au stress. « Plutôt qu’elle produise elle-même ses substances, nous les lui fournissons en amont du stress et nous observons leur effet positif », relève Aymeric Molin. Il décrit ainsi un développement racinaire plus important dans certains types de sols. « C’est comme si la plante savait qu’elle allait manquer d’eau. Elle va explorer le sol plus profondément pour augmenter ses ressources tant que le stress n’est pas encore là. Aussi, lorsque la sécheresse arrive, la plante peut y faire face beaucoup plus facilement. Elle est mieux armée en quelque sorte ! », analyse Aymeric Molin.
Moins de consommation d’eau mais toujours autant de rendement
Autre élément intéressant observé à la suite de l’apport de la solution d’Elicit plant à base de phytostérols : la plante consomme moins d’eau mais produit autant ! « Un peu à l’image de l’eau dont vous disposez facilement et que vous gaspillez sans y penser », fait remarquer Aymeric Molin. La plante évapotranspire moins d’eau mais produit toujours autant de biomasse, d’où une économie d’eau. « La consommation d’eau chute de 40 % pour le soja et de 20 % pour le maïs en journée. La nuit, la différence ne se voit pas », témoigne Aymeric Molin, à propos des recherches en plein champs d’Elicit Plant en France. Ces découvertes sont particulièrement intéressantes pour les cultures de rente en Europe mais aussi à l’international. « Nous travaillons avec le Brésil où les sols plus sableux permettraient une meilleure réponse encore à l’action des phytostérols, notamment en soja », s’enthousiasme Aymeric Molin qui assure que ces molécules n’ont pas encore livré tous leurs secrets.
Sources :
M.S. Sujith Kumar, I. Mawlong, K. Ali, A. Tyagi.2015. Role of phytosterols in drought stress tolerance in rice. Plant physiology and biochemesterie 10.1016/j.plaphy.2015.07.014
M.S. Sujith Kumar, I. Mawlong, K. Ali, A. Tyagi.2015. Role of phytosterols in drought stress tolerance in rice. Plant physiology and biochemesterie 10.1016/j.plaphy.2015.07.014
M.S. Sujith Kumar, I. Mawlong, K. Ali, A. Tyagi. 2018. Regulation of phytosterols biosynthetic pathway during drought stress in rice. Plant physiology and biochemesterie 129, 11-20
M.S. Sujith Kumar, I. Mawlong, K. Ali, A. Tyagi. 2018. Regulation of phytosterols biosynthetic pathway during drought stress in rice. Plant physiology and biochemesterie 129, 11-20
M. F. Quatarcci, O. Glisic, B. Stevanovic, F. Navari-Izzo. 2002. Plasma membrane lipids in the resurrection plant Ramonda serbica following dehydratation and rehydratation. Journal of experimental botany, Vol 53, N°378, 2159-2166