Stress hydrique - Transition agroécologique

L’indispensable maïs, confronté au stress hydrique

Les chiffres de la filière maïs laissent peu de doutes. Cette production est stratégique pour la France et notamment ses filières d’élevages. Le changement climatique, qui en complique la culture met le producteur face à des défis de taille.

L’indispensable maïs, confronté au stress hydrique

Le maïs en chiffres :

  • 3 millions d’hectares cultivés chaque année en France
  • La moitié de la production, ensilée pour les bovins, soit 17 millions de tonnes de matière sèche
  • L’autre moitié récoltée en grains, dont les deux tiers pour l’alimentation animale (40 % en France, 25 % pour les pays de l’UE)

 

Trois questions à Thomas Joly, animateur filière maïs chez Arvalis – Institut du végétal

 

EST-IL SI DIFFICILE DE SE PASSER DU MAÏS ?

 

« Les chiffres sont clairs. Le maïs est une culture stratégique pour la France. Indispensable pour les élevages de monogastriques (volailles et porcs), il constitue aussi une assurance fourrage pour beaucoup d’exploitations laitières. Le maïs produit un volume élevé de biomasse sur un cycle court : 12 tonnes de matière sèche en fourrage ou 10 tonnes de grains par hectare. Il participe ainsi à l’autonomie alimentaire des exploitations d’élevage. Il faut se rendre à l’évidence : sans maïs beaucoup de systèmes agricoles français ne seraient plus viables. Une transition rapide est tout simplement impossible. Mais la situation climatique appelle une réaction. »

 

MANQUES D’EAU, RENDEMENTS PÉNALISÉS… IL FAUT DONC SE REMETTRE EN QUESTION ?

 

« 2021 est loin d’être représentative. Les maïs sont hauts et beaux. Mais les trois campagnes précédentes ont été plus contrastées et soulèvent en effet des questions pour l’avenir. Oui, l’évolution du climat impose une remise en question, car les épisodes de pluie ne sont pas toujours en phase avec la culture, qui exprime l’essentiel de ses besoins en eau de 10 feuilles jusqu’à floraison. Et les situations où l’irrigation permet de faire face ne sont pas majoritaires. Seules 35 % des surfaces consacrées au maïs grain sont irriguées. Une part qui baisse à 7 % pour le maïs fourrage. Au total, les trois quarts des surfaces de maïs dépendent de la pluviométrie de l’année. Les cultures de substitution : tournesol, sorgho, soja… ne sont pas non plus simples à réussir quand les conditions météo estivales sont sèches. Quant aux systèmes herbagers, malgré une gestion très différente, ils sont également soumis à rude épreuve face aux aléas climatiques. »

 

QUELLES SONT LES PISTES POUR COMPTER ENCORE SUR LE MAÏS DEMAIN ?

 

« Plusieurs axes sont possibles. Je citerais en premier lieu le levier de la précocité des variétés. Une gamme très large permet en effet d’envisager l’esquive des périodes de sécheresse aux stades sensibles. C’est le fruit de la recherche variétale, qui doit s’accentuer, sur la tolérance au froid et la vigueur de départ, pour pouvoir semer plus tôt. Face aux évolutions climatiques, nous pouvons aussi augmenter la part de maïs dans les emblavements du nord. Là aussi la sélection variétale aide.

D’autres pistes de recherche sont intéressantes. Toujours au niveau de la sélection, des travaux sont menés sur une génétique capable d’encaisser une période de stress hydrique même si, chaque année, le stress sera différent et il est donc compliqué d’évaluer la performance des variétés sur l’ensemble des scénarios de stress possible. Enfin, la recherche sur les biostimulants avance, que ce soit en traitement de semence ou application foliaire, pour aider la plante à faire face aux stress. »